Firs Zhuravlev (1836-1901)

Extrêmement rares sur le marché, les oeuvres de Firs Zhuravlev appartiennent pour la plupart aux musées russes.
Tous les regards devraient donc être tournés vers ce séduisant portrait de jeune fille en costume traditionnel.
À la lumière d’une bougie dont elle protège la flamme de sa main droite, elle fait face au spectateur. Son visage est sérieux mais d’une grande douceur, son expression presque mélancolique. Se prépare-telle à une célébration religieuse ou à une fête folklorique ? Impossible de le savoir même si son costume – constitué d’un corsage et d’un sarafane ou robe droite sans manche – et sa coiffe indiquent une occasion particulière. Semblable à une crête de coq – dont il tire d’ailleurs son nom, kokoch signifiant «poule» en slavon –, le kokochnik est cette coiffure haute, en pointe ou arrondie, reliée à l’arrière de la tête par de larges rubans et dont l’avant est parfois décoré de perles. Portée par les villageoises pour les fêtes, cette coiffe ancienne est remise en vigueur à la cour sous le règne de Nicolas Ier (1796-1855), pour les femmes de la famille impériale et les dames d’honneur lors des cérémonies officielles. Un prétexte de plus, probablement, pour Firs Zhuravlev pour démontrer son talent de portraitiste… Formé à l’Académie impériale de Saint-Pétersbourg, il fait partie de la révolte des quatorze, qui, en 1863, proteste contre la peinture classique au profit du réalisme, puis il fonde, avec Ivan Kramskoi, l’Artel des artistes, association de peintres en rébellion contre l’académie et son concours annuel. En 1876 et 1889, il est présent aux Expositions universelles de Philadelphie et Paris.

LA GAZETTE DROUOT N° 17 DU 30 AVRIL 2021