Dmitrienko artiste engagé
44 967 € frais compris.
Pierre Dmitrienko (1925-1974), Le Fusillé,
1967, huile sur toile, 162 x 130 cm.
Mercredi 23 septembre,
salle 4 -Drouot-Richelieu.
Les yeux bandés, cette huile sur toile de
Pierre Dmitrienko intitulée Le Fusillé
montait jusqu’à 37 000 €. Elle appartient
à une période de création de l’artiste
où les préoccupations politiques tiennent
une place de premier plan. En 1960, ce peintre
français né d’une mère grecque et d’un père
russe tourne le dos à l’abstraction lyrique en
créant des Présences, matérialisées par des
halos qui suggèrent l’humain, une nouvelle
thèmatique de travail pour l’artiste. Entre 1965
et 1972, il développe une peinture citoyenne
et engagée, à un moment où l’histoire s’accélère,
notamment avec la guerre du Vietnam
et le Printemps de Prague. En 1969, à l’occasion
d’une exposition de ses oeuvres dans
une galerie d’Ibiza, il écrit sa volonté de « faire
percevoir ce que nous sommes ou pouvons
être », précisant « ... Bourreaux, Victimes, vous,
vous, moi, vivants en sursis et d’un jour à
l’autre, mort sans raison essentielle ». Il dissimule
les yeux sous des bandeaux noirs et
utilise « après le sang tous les sangs : le rouge ».
L’artiste semble avoir atteint son but, se remémorant
« ce jeune Allemand qui m’a acheté
un fusillé pour que son fils futur vive avec ce
tableau et ne puisse être jamais le fusilleur ».
La dernière oeuvre politique de Dmitrienko
est un polyptique nourri des tensions au
Moyen-Orient, intitulé Les Ensablés, où six
visages sont mangés par le sable sombre du
désert.
La Gazette Drouot n°33 du 2 octobre 2009
p 38
Sylvain Alliod