Un des huit objets précieux

Chine, XVIIe siècle. Coupe libatoire en corne de rhinocéros, l. 19 et 9 cm - Poids : 240 g Adjugée 250 000 € Mercredi 8 juin 2011 Richelieu-Drouot - Salle 1 Les cornes de rhinocéros figurent parmi les huit objets précieux souvent associés au confucianisme, mais aussi au bouddhisme, lorsqu'elles prennent les formes du lotus, l'un des huit trésors de cette religion. Si la plupart des cornes sculptées datent des Ming, certaines proviennent de l'époque des Royaumes Combattants (475-221 avant notre ère), selon Thomas Fok, auteur de "Connoisseurship of Rhinoceros Horn Carving in China". La peau était utilisée pour fabriquer des armures et les cornes pour les coupes libatoires. On retrouve les mêmes décors que sur les jades, les bambous et diverses essences, comme le zitan. Ces objets précieux, collectionnés par les empereurs et la classe des riches lettrés, se parent des symboles du bonheur et de la prospérité, de motifs empruntés au répertoire de la nature ou du bestiaire mythique, comme les masques, est un symbole de la vie éternelle ; on plaçait une cigale de jade dans la bouche des morts pour assurer leur vie dans l'au-delà. Un chant du "Livre des odes" reprend ce thème de longue vie : " A la dixième Lune 5 (...) nous levons notre corne de rhinocéros et souhaitons une vie infiniment longue". Outre ses pouvoirs d'immortalité, on lui attribuait des propriétés antipoison et des vertus aphrodisiaques. Plus étonnant encore, elle détient le pouvoir de repousser l'eau ; c'est à ce titre qu'elle apparaît dans le récit du voyage des "Huit Immortels", et est évoquée par un poète de l'époque Tang, dans sa descente du Yang-Tse sur un arbre creux. Le masque de taotie sur un objet de lettré, qui appréciait fort ce symbole archaïque, met en garde contre l'intempérance et protège contre les esprits maléfiques. Avec tant de dons de bon augure, on comprend sans peine sa place parmi les huit objets précieux. Anne Foster, Gazette n°22 du 3 juin 2011.