LA PART DU LION

Symbole de force et de fermeté, attribut d’Hercule et de Cybèle, la déesse de la terre dont il tire le char, le lion est aussi associé à l’orgueil, la colère, la magnanimité, la raison, la virilité et l’effroi. Bref, un sujet idéal de l’iconographie sacrée et profane. On retrouve dans un inventaire de la production de Barthélemy Prieur, dressé en 1583, de nombreuses figures d’animaux, tant des lions que des vaches et des chevaux... Remarquable par son modelé et sa ciselure, dont celle de son abondante crinière, notre roi des animaux l’est aussi par les restes de sa patine dorée translucide.
Né à Berzieux, en Champagne, dans une famille de paysans, l’artiste se forme probablement aux Pays-Bas, séjourne à Rome au début des années 1550, puis à Florence et, de 1564 à 1568, à Turin au service du duc Emmanuel-Philibert de Savoie. Auteur de grands décors en stuc sous la direction de Daniele da Volterra, formé à la technique de la fonte du métal par Guglielmo della Porta, il revient à Paris en 1571, précédé d’une solide réputation de bronzier. Barthélemy Prieur laisse des monuments funéraires ornés de figures allégoriques, comme le tombeau du cœur du connétable Anne de Montmorency, mais établit également sa célébrité avec des petits bronzes, dont il a introduit le goût venu d’Italie. Contraint de fuir la capitale en 1585, ce protestant se réfugie à Sedan, revient à Paris neuf ans plus tard dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés, surnommé « Le petit Genève », comme sculpteur du roi, Henri IV, et développe cette activité très particulière de bronzes destinés à orner meubles ou cabinets d’érudits. De son atelier sortent des statuettes de Vénus, des têtes de Scipion et de Marc-Aurèle, des représentations d’animaux divers, des effigies de souverains, parfois transcrites sous forme d’allégories. Comme – aujourd’hui conservées au Louvre – celles de Marie de Médicis et d’Henri IV sous les traits de Junon et Jupiter. Plusieurs versions de notre lion figurent au Metropolitan Museum de New York et au Fitzwilliam de Cambridge.

Gazette n° 8 du 24 février 2017