La ruée vers l'or

Une seule provenance durant ces deux jours d’une vente destinée aux numismates : la collection de monsieur D. Note (1910-1982), réunie des années 1950 à 1980 et demeurée depuis dans la famille. Passionné par l’histoire et bénéficiant de moyens – financiers – non négligeables, il constitue sa collection en France, mais aussi en Allemagne et en Suisse. Méthodique, notre numismate a réuni un ensemble original d’écus du XIXe siècle, des monnaies royales, des pièces grecques, dont un octodrachme d’or (6 000/8 000 €) de l’époque de Ptolémée IV (221-204 av. J.-C.) au buste de son père muni des attributs de trois divinités : les rayons d’Helios, l’égide de Zeus et le trident de Poséidon. Mais surtout, une suite de plus de quatre-vingts monnaies d’or de l’Empire romain – de l’époque d’Auguste (24 av.- 14 apr. J.-C.) jusqu’à Basilisque (475-476) –, dont plusieurs provenant de prestigieuses ventes publiques. À commencer par un aureus de Dioclétien (284-305) figurant l’empereur, la tête laurée, tenant un globe et un sceptre, qui a appartenu à la collection Enrico Caruso dispersée en 1923, à Naples (5 000/7 000 €). Figure également un exemplaire représentant Septime Sévère (193-211) et ses fils Caracalla et Geta galopant à ses côtés lors de la campagne de Bretagne, au cours de laquelle il trépassa à York (8 000/12 000 €). Le plus disputé, enfin, devrait être un aureus au portrait lauré, drapé et cuirassé d’Uranius Antonin (253-254), personnage qui s’est arrogé dans le domaine monétaire tous les privilèges d’un empereur romain, mais demeure néanmoins un usurpateur. Jamais nommé dans un texte, Uranius  Antonin fut identifié à divers personnages : un prêtre d’Aphrodite, un illustre envoyé du Soleil ou encore un héros qui invoqua Cronos et à qui fut accordée la victoire. Les monnaies à son effigie, en or ou en bronze, ont été frappées en 253-254 au nom d’Émèse, ville de Syrie où il n’existait aucune tradition monétaire impériale. Autant dire que notre pièce d’or est de la plus haute rareté, les monnaies, du moins celles de métal fin, étant généralement détruites dès le retour du pouvoir légitime.
La fortune sourit aux audacieux… 

Gazette n°6 du 9 février 2018 page 55